4ième jour de retour à Londres après presque 5 mois en France.
J’ai tellement attendu ce moment depuis Mars. Enfin pouvoir prendre un avion et rentrer chez moi. Retrouver mon quartier, ma maison, mes amis, mon tapis de yoga, mes habits, toutes mes affaires, mon quotidien, mes routines…
Me revoilà donc chez moi. Et c’est un peu comme si je respirais à nouveau après 5 mois à tenter de réinstaller un rythme et des routines tant bien que mal dans un lieu que j’adore mais qui n’est pas le mien, et dans un contexte de vie imprévu.
Mercredi, c’était décollage, la tête dans les nuages. Au sens propre comme au sens figuré du coup.
Aller prendre l’avion. Retrouver “Prêt à Manger” (Qui a ouvert à l’aéroport de Toulouse il y a 1 an), la porte 57, le contrôle des passeports, et toutes ces petites sensations du trajet qui rythment ma vie depuis 8 ans. Depuis 1 an, j’en avais vraiment marre de prendre l’avion tout le temps et de subir les retards, files d’attentes et débordement d’une industrie qui semblait être saturée. On a vu le résultat. Cette fois, j’en ai apprécié chaque étape. Du coup, moins d’avion, pas de retard, rangée que pour moi, et sécurité au max. Agréable et triste à la fois.
L’atterrissage fut un peu plus brutal. Le fameux formulaire d’entrée au pays à remplir et qui nous rappelle que rien n’est plus normal. Longues files d’attente aux passeports (Un avant goût du Brexit?..), le métro vide (Encore une fois, rassurant et flippant), les gens qui se guettent, masques sur le nez, et, petit à petit, le métro qui s’approche de rues, stations et quartiers qui deviennent de plus en plus familiers…
En arrivant à la maison je retrouve toute ma vie d’avant, toujours en place, telle que je l’ai laissée début Mars sans préparer un départ si long. Les vêtements d’été encore rangés, les pulls empilés, le chauffage d’appoint dans un coin, ma Todo de février, le dentifrice qui n’a pas bougé, ni le gel douche, toujours au même niveau…
Un étrange retour vers le passé qui m’a un peu mis la boule au ventre.
La maison pourtant spacieuse m’a paru petite, ma chambre étroite, et je sentais que je ne parlais pas Anglais comme avant. Le ciel était bleu gris, la tamise marron, les couleurs un peu ternes, et c’est un peu comme si j’avais un filtre Sepia sur les yeux après m’être imprégnée du ciel bleu vif et de la brique rouge du sud pendant tout ce temps.
Le soir, j’ai rejoint des amis à Battersea Park en longeant la tamise, une balade que je faisais souvent et que j’ai beaucoup idéalisée pendant le confinement. Je ne la trouvais pas si belle que ça, mais je me suis réjouis de retrouver les si longues étendues et paysages sans fin. La boule au ventre était toujours bien là.
Du coup, Jeudi matin, je suis allée courir. Comme avant, le long d’un de mes parcours préférés pour faire un footing à Londres. Et comme toujours, les endorphines ont fait leur travail. La bonne énergie londonienne est revenue et les habitudes d’avant ont repris leur cours. Je me suis dis que peut-être que ça allait le faire.
Depuis, je vis un concentré de “petites joies de la vie londoniennes“, des plus grandes aux plus petites.
Entendre parler Anglais dans les rues. Prendre un “flat white” à emporter en rentrant d’un footing. Porter mes tenues préférées. Marcher, partout, tout le temps. Le simple geste de sortir l’oyster. Aller courir à Wandsworth Park. Déjeuner chez Minnow à Clapham the old town. Profiter de mon jardin. Aller faire une course rapide au supermarché du coin. Regarder à droite avant de traverser. Marcher le long de la Southbank. Savoir exactement où sont les bonnes adresses. M’émerveiller devant Tower Bridge. Utiliser Citymapper pour me déplacer. Me laisser porter à l’étage des bus. Retrouver des endroits si familiers… Comme avant.
Le blog n’aura jamais aussi bien porté son nom.
Pourtant, j’ai toujours ce filtre sépia sur les yeux.
Le ciel bleu vif du sud me manque. Le temps londonien est toujours aussi décevant en été – bien que les températures plus fraîches soient les bienvenues après plusieurs épisodes à 38 degrés à Toulouse. Les légumes tous emballés dans du plastique m’énervent. Les haricots qui viennent du Kenya n’ont pas de goût. Le style des londoniens me fait sourire. Je le trouve moins “cool” qu’avant. Les Néo-Zélandais et Australiens qui ont toujours eu cet aura exotique ne me fascinent plus (Même si ça, ce n’est pas vraiment nouveau). Les brunch non plus ne me font plus beaucoup d’effet. Tous ces détails qui rendent la vie d’expat si savoureuse se sont un peu éteint…
Alors j’ai tous les feux verts que j’attendais. Et mon instinct profond qui me confirme que j’ai pris la bonne décision.
En fait, je suis rentrée pour 10 jours, pour vider mon appart duquel j’ai posé mon préavis mi Mai, et évaluer comment je me sentais d’être à nouveau à Londres. Confirmer ou pas, une décision un peu radicale prise il y a plusieurs semaines.
Je ressens enfin cette sensation de douce certitude qu’il est temps de rentrer dans le sud.
Je crois que j’y vivrai parfaitement cette “slow life”. Plus douce, locale, (sans) plastique, “healthy”, faite de yoga, sport, nature, balades et moments en famille.
Je précise juste cette décision a été très longuement réfléchie et n’a rien à voir avec les “feux verts” listés juste avant. Il y a des solutions à chaque petite contrainte londonienne. Les ressentir à nouveau a juste été une forme de confirmation.
C’est une séparation en douceur, car le contexte me permet de conserver mon travail, au moins pour les prochains mois. Alors je vais revenir, et vivre Londres “de temps en temps”, quelques jours par mois pour commencer, en profitant justement exclusivement de “petites joies”. Comme un grand nombre d’entre vous je crois, qui suivez le blog et le compte instagram pour garder un lien avec Londres après y avoir passé une tranche de vie et y revenez dès que vous pouvez.
C’est une ville marquante et transformative qu’il sera, évidemment, impossible à oublier. Elle a complètement changé ma vie. Ma façon de la voir, la vivre, et la savourer.
Il y a 8 ans tout pile, je venais chercher une aventure humaine pour vivre plus intensément, me bousculer, rêver, apprendre, découvrir, tomber et me relever. Mission accomplie haut la main. Et je n’aurais pas pu choisir meilleure ville que Londres.
Je reparlerai plus en détail de tout cela, ce choix et la réflexion qui murie depuis 2 mois. Je suppose depuis cet article en fait.
En attendant, le blog va continuer presque comme avant, avec ses bonnes adresses, conseils pour visiter Londres, petites joies du mois, et petit à petit, basculer sur une autre partie inhérente à la vie d’expat: La fin.