S’il y a bien une leçon que le retour d’expat m’aura appris, c’est à quel point on, ou en tout cas, je pour ne pas parler au nom des autres, aurais pris pour acquis ce que la vie londonienne a à offrir.
Je commençais à trouver que vivre près de la nature était indispensable à une vie saine, et je me suis installée dans une ville certes proche de la campagne, mer et montagne, mais me suis retrouvée assez stupéfaite de ne presque plus voir de verdure dans mon quotidien Toulousain. Quand je retourne à Londres je suis toujours complètement fascinée par les parcs de Londres. Leur immensité, beauté, accessibilité et dimension apaisante au quotidien. Je vis dans le sud et pourtant, il faut au moins 30mn porte à porte pour me retrouver dans un vrai espace de nature. Je vois désormais Hampstead Heath, Richmond Park et même Clapham Common sous un autre angle.
Je trouvais les distances en métro trop longues au quotidien. Je me suis rendue compte à quel point ce temps était utile et m’aura été précieux pour lire, écrire, écouter de la musique, maintenir ce blog et le compte Instagram qui va avec. Je n’irai pas jusqu’à dire que le métro me manque, (faut pas abuser) mais quand je me retrouve à Londres, je constate que je ne vois jamais le temps passer dans les transports.
Les trajets en avion me fatiguaient entre les retards et le fait de devoir se rendre aux aéroports. Ne plus les avoir au quotidien a enlevé une dose de magie, à souvent discuter avec des inconnus, ou avoir la sensation de voyager et être vivante, en plus de m’octroyer 3h (1h30 par trajet) de focus pour lire ou travailler. Par contre, ma conscience écologique s’est nettement apaisée. Encore une fois, les retards et autres désagréments font partie de ce qui ne me manque pas du tout, en plus de la culpabilité d’utiliser un moyen de transport des plus polluants. Mais comme cet article que j’ai démarré d’une traite lors de mon dernier retour, force est de constater que ces trajets avaient aussi un rôle important dans mon quotidien.
Je trouvais que Londres était trop grande, mais je rêve régulièrement de grandes allées, immenses espaces, immenses bâtiments, me laisser porter dans un bus durant 40 minutes à regarder par la fenêtre, me retrouver dans un quartier totalement différent et partir pour une des balades londoniennes comme je les adore et rêver à vivre tantôt à Hackney, tantôt à Hampstead, tantôt à Dulwich Village… Un peu partout en fait.
J’en avais souvent marre d’avoir trop de choix de cours de yoga et sport sur Classpass, l’appli que j’utilisais, et j’avais l’impression que ça saturait ma charge mentale de tout le temps avoir trop de choix. Maintenant je n’en ai plus beaucoup, et c’est sûr que je réfléchis moins à mon agenda sportif et yogi, mais ça a aussi enlevé une bonne dose de stimulation. La concurrence, c’est ce qui élève le niveau. Et de ce côté là, c’est flagrant.
Je trouvais les retours dans mon Occitanie natale sublimes et dépaysant et rêvais de cette slow life dans le sud un peu idéale. Mais c’était la rareté qui la rendait si unique et magique. Pas que je ne trouve plus cette région sublime, mais la voir plus régulièrement a forcément enlevé le côté exotique que je lui trouvais en revenant moins souvent.
J’en avais parfois marre du temps. Mais premièrement, j’avais complètement ignoré le fait que le soleil se lève beaucoup plus tôt en Angleterre toute l’année, et que certes, il fait bien plus beau la où je vis désormais, mais que le soleil se lève beaucoup plus tard. Je sais que je ne fais pas l’unanimité sur le sujet, mais avoir perdu l’énergie du matin, ça a été l’un des éléments les plus durs à recalibrer. Deuxièmement, au UK, on est vraiment bien équipé pour toutes les saisons. La pluie est un détail qui se contourne, alors que dans le sud, la moindre journée grise a le don de figer et démoraliser les populations.
Je me disais que la vie serait plus belle au soleil, mais je me demande encore si c’est vraiment le cas. Les saisons marquées, et surtout l’automne me manquent encore beaucoup. Depuis que je vis dans le sud de la France, je me suis souvent demandé justement si les nuages n’amélioraient pas la concentration et le soleil favorisait un peu trop le farniente.
Par contre, les londoniens disent souvent que Londres est la meilleure ville au monde l’été… Et ça, même si moi aussi je le disais, je crois désormais qu’il n’y a rien de tel que de passer des étés dans le sud.
A chaque retour, je me rends compte à quel point je prenais tout cela pour acquis, alors quand je regoûte à ces moments, j’en savoure chaque instant. Finalement, c’est un peu comme si les petites joies de la vie londonienne avaient simplement changé. Elles sont même encore plus fortes car plus rares.