Un peu plus d’un an après l’avoir quitté, j’ai enfin pu retrouver ma ville. Autant vous dire que mon cerveau était en ébullition tout le long de ces quelques jours à Londres.

Vous avez un bon 1/4 d’heure? J’ai eu beaucoup de choses à poser sur cet article…

Retour en arrière

En écrivant le post sur les “dernières retrouvailles” (en tant que londonienne) en tout cas, je ne pensais pas un seul instant ne pas pouvoir y retourner de si tôt.

Est ce que je serais quand même partie si je l’avais su? Je pense que oui. Je voyais venir cette deuxième vague d’un mauvais oeil, et le confinement avait exacerbé LE point négatif de Londres à mes yeux. J’y reviendrai plus bas. Mais du coup, il a fallu gérer le manque et la distance. 1 an après, avec le recul, je crois que j’ai complètement sous-estimé les conséquences émotionnelles d’un déménagement si soudain.

Toute l’année, vu le contexte, je ne m’autorisais même pas à penser à un retour potentiel à Londres. D’ailleurs, quelques semaines après avoir tout rapatrié en France, j’ai arrêté de suivre plein de comptes Instagram sur Londres qui me rappelait un peu trop de bons souvenirs. Avec l’augmentation des restrictions et en réalisant que ce ne serait pas possible d’y retourner aussi vite et régulièrement que prévu, j’ai tout mis en off dans ma tête. Comme si je m’étais mise en semi apnée en tenant le coup jusqu’au retour. Je m’estimais heureuse de pouvoir être près de ma famille et de bénéficier de quelques degrés de plus. Pas le droit de me plaindre.

Semi apnée. C’est vraiment la sensation de cet automne / hiver dernier. Toute cette année, ce que j’ai trouvé le plus dur en reconstruisant une vie et du lien social dans une nouvelle ville, c’est de soudainement ne plus pouvoir parler de Londres ou de la vie d’expat avec qui que ce soit. De se retrouver du statut d’expat intégrée dans une ville avec une sociale bien établie, à non seulement une vie sociale plus calme (Mais ça, ça faisait partie du deal et de l’expérience), mais sans ces sensations uniques liées à la vie d’expat. Cette expérience soit disant si extraordinaire n’aurait elle rien changé? Ou trop tout changé? Il semblerait que ce soit la seconde. Tellement en fait que je me suis sentie dans un sacré décalage. Presque un handicap pour m’intégrer dans une ville de province, aussi familière soit-elle. Un gros sentiment de solitude difficile à définir alors que j’étais désormais pourtant si proche physiquement de toute ma famille et de nombreux amis de longue date. Mentalement, c’était une autre histoire.

Ce décalage du retour… Un sujet avec lequel je bataille encore un peu. Mais que ce retour à Londres aura nettement apaisé.

A la fin de l’hiver, un peu comme un cadeau pour me faire patienter à mi chemin du retour, la vie à mis sur ma route une belle rencontre: Une ex Française à Londres au profil et parcours étonnement similaire au mien. Age, durée de vie londonienne, quartier, boulot… Tout collait! On s’est mises à chercher les meilleurs cafe latte et flat white de Toulouse, les meilleurs cours de sports avant 7h mat, et à “traverser” Toulouse (traverser Toulouse = 10 minutes de marche) un mardi matin pour tester la nouvelle adresse d’açai bowl sous le regard surpris de nos collègues co-workers. 2 aliens londoniennes à Toulouse.

Une heureuse coincidence qui est apparue un peu comme une première et douce bouffée d’air durant un printemps ensoleillé et la sensation de renaissance qui va avec cette saison. Et en bonus, une très chouette nouvelle amitié Toulousaine.

Le printemps s’est poursuivi dans cet élan de renouveau, avec pour point culminant, le 19 Mai, jour de déconfinement. Toulouse a repris vie. Et la nouvelle vie a pu démarrer.

Les efforts amorcés durant l’hiver ont porté leurs fruits, et la saison estivale a démarré sous les plus beaux augures. Quand on me demandait si Londres me manquait, je répondais même que pas du tout. Le Brexit m’avait un peu refroidie, tout comme un confinement assez dur cet hiver, qui donnait une image assez morose de la vie londonienne comparée aux couleurs vives du sud que je redécouvrais.

Et puis en Juillet / Août, j’ai eu un énorme coup de mou. J’ai commencé à ne plus me sentir à ma place à Toulouse, à étouffer, tourner en rond, et Londres a commencé à me manquer sérieusement. Je me suis faite vacciner le plus rapidement possible afin d’y retourner dès que les 10 jours d’isolation seraient annulés.

Début Août, l’annonce est enfin tombée.

Londres: Le retour

Dès l’email de confirmation du vol reçu, les nuages qui m’entouraient depuis quelques semaines se sont dissipés.

Après quelques coups de stress pour un voyage qui se doit d’être désormais plus préparé (Je reviendrai sur les détails pour voyager à Londres en ce moment), me voilà enfin dans l’avion pour traverser la manche.

Excitation et bonheur.

Et puis enfin, atterrissage à Gatwick North. J’ai retrouvé les mêmes couloirs. Les affiches de Londres ont été remplacé par celle de GREAT Britain (Oui, “GREAT” on a compris… un petit rappel de l’ambiance Brexit?), mais tout le reste est identique. Le tapis roulant, le contrôle des passeports, le M&S en bas des escaliers, la navette pour rejoindre le South Terminal où la gare se trouve, et le prochain train pour Victoria qui part dans 3 minutes sur la platform 4. Je cours, et je me retrouve dans le Southern, (le train national, une alternative au Gatwick Express). En m’installant, je me rends compte que dès le premier pas posé sur le sol Anglais, je me suis aussitôt remise en pilote automatique. Tous les réflexes sont revenus instantanément. Une sensation plutôt sympa, mais je me suis aussi dis que je commençais à beaucoup trop tout connaître et être dans une routine. Il était surement temps de partir.

Et pourtant, dès l’arrivé à Victoria Station, c’est tout l’inverse qui se produit. Je reconnais ces lieux oui, mais surtout je suis happée par l’énergie, les gens, la foule, l’excentricité et l’ambiance de cette gare qui grouille de monde et de profils grands, petits, jeunes, vieux, tenues formelles, paillettes, colorées, sportives… Je me revois marcher assez calmement et regarder tous ces gens avec un regard un peu ébahi et un sourire aux lèvres.

C’est là que j’ai repris ma bouffée d’air “pur”. J’étais à la maison. Il n’y avait plus de problème de ne pas se sentir à ma place quelque part. J’ai tout de suite senti qu’à Londres, je serai toujours à ma place. Ce sera toujours ma première maison.

Sur le coup, je me suis même dis qu’à l’issue du week-end, j’aurais peut être envie de revenir y vivre.

J’attendais beaucoup de ce retour. Un déclic. Des sensations. Des réponses. Et des retrouvailles. J’ai tout eu. Les déclics. Les sensations, les retrouvailles et les réponses.

Week-end retrouvailles

Outre les attentes personnelles et émotionnelles citées au-dessus, j’avais surtout envie de revoir mes amis, retrouver mes quartiers, mes cafés et mes studios de yogas préférés.

Dans ma todo list: (Attention certains points sont très basiques – c’est pour dire à quel point j’avais hâte)

  • Prendre un vrai cours de hot yoga chez Yogahaven
  • Et un autre chez Triyoga (Le top des studios de yoga à Londres)
  • Prendre un café chez Common à Clapham the old town, mon quartier chouchou
  • Prendre un flat white à emporter de chez Pret (Oui, c’est le basique)
  • Flâner dans Soho et Carnaby
  • Retrouver Neal’s Yard
  • Acheter le dernier livre de Dolly Alderton et celui d’Elizabeth Day (Qui tient l’excellent podcast How to Fail)
  • Bruncher comme avant
  • Prendre tous mes amis dans les bras

J’ai tout fait.

C’était la première fois que je ne me réveillais pas chez moi, dans mon quartier avec mes cafés et mes routines. Et s’il y a bien un truc que j’ai ADORÉ dans ma vie londonienne, c’était mes petites routines et adresses de quartiers. Cet esprit village dans la ville. Je rêvais aussi de retrouver mon quartier et d’y passer un week-end comme avant. Peut-être une prochaine fois.

Je garde le détails de ces retrouvailles de quartiers pour plus tard, mais ce qui est sûr, c’est que je me suis sentie sevrée d’un manque visceral.

Aussi, en retournant dans ces endroits si familiers plus d’un an après mon départ, j’ai mesuré à quel point les choses avaient changées. Et pris le temps d’apprécier le chemin parcouru depuis ce retour (Un sujet que j’avais déjà évoqué à sens inverse il y a quelques années), et ce que j’ai déjà construit à Toulouse. Ma nouvelle ville pour l’instant.

Les papillons sont partis

Je me suis toujours dis que je partirais de Londres quand je n’en serais plus émerveillée. Et si j’étais bien honnête avec moi même, je les sentais partir un peu depuis quelques temps ces papillons. Ceux qui me faisaient ressentir si vivante et me faisaient aimer Londres avec une telle intensité, même dans les situations les plus compliquées.

Les balades londoniennes et les sensations de la vie d’expat commençaient à ne plus suffire à compenser des envies de cocon que pour moi, de soleil et de slow life. J’avais très envie d’un joli nid douillet. Même si depuis 2 ans j’avais trouvé un bel équilibre dans une grande maison pleine de lumière avec un jardin généreux, des colocs trentenaires cools, internationaux et sympas, dans un quartier que j’adorais, j’avais besoin de m’ancrer d’une façon un peu plus formelle.

Mais j’étais dans un essor pro très sympa, et j’adorais ma nouvelle vie de mi yogi / mi digital. L’énergie londonienne compensait tout et me permettait de rester patiente. Je m’étais installée à Londres. C’était chez moi. J’avais enfouie l’idée de vivre au soleil dans le sud dans un coin lointain de ma tête.

Quand le Covid est arrivé, l’énergie s’est soudainement arrêtée. Quand on a parlé de se confiner chez soit, tout est ressorti. Dont cette histoire de logement qui tournait en boucle dans ma tête depuis des années.

1 an avant, j’étais tout prêt de la signature finale de l’achat d’un appartement à Peckham (Un quartier “up and coming” au sud de London Bridge). Il était parfait. Et j’adorais ce quartier. Sur le coup des annonces je me suis dis que j’avais vraiment bien fait de me retirer du projet. Mais les semaines qui ont suivi, je me suis imaginée m’y confiner. Je rêvais d’acheter un appartement à Londres. La veille de mon retour en France mi mars, j’avais fait une énième visite ratée à Herne Hill, mon dernier quartier cible.

La pandémie a fait ressortir toutes les limites de Londres. Toutes celles que je refusais de voir ou que je masquais en croquant la vie londonienne du mieux possible: L’immobilier, la pluie, les distances dans la ville…. Je me suis donnée à corps et âme dans cette ville tellement j’ai toujours considéré cette expérience comme un immense privilège. Et tout d’un coup, tout était stoppé net.

C’est comme si toute la fatigue était ressortie. Même si au début du confinement je n’envisageais pas une seconde ne pas y retourner, au fur et à mesure, j’ai commencé à y voir un peu plus clair. Le sud m’a appelé. Et aussi, j’ai eu envie de tenter autre chose. De tourner le challenge en opportunité. De sortir de ma zone de confort dans l’autre sens. De me mesurer à moi-même. Assouvir certains projets perso. Et bien sûr, retrouver les saveurs du sud.

En y retournant, les papillons ne sont pas revenus. J’étais heureuse de m’y retrouver. Extatique de revoir mes amis et apaisée de retrouver cette familiarité et sensation d’être à la maison. Hyper motivée pour y revenir aussi régulièrement que possible. Mais les papillons qui me faisaient soulever des montagnes n’étaient plus là. Je me suis retrouvée dans Notting Hill à revoir les mêmes rues colorées et refaire le même itinéraire que d’habitude, et à la Southbank, à apprécier le moment entre amis mais à ne pas être aussi transportée que d’habitude par le décor et la lumière un peu trop gris / jaune pour mes yeux habitués à la brique orange et au ciel bleu. J’ai trouvé les styles de vies toujours aussi épuisants. Les lieux de vies étroits. Les gens fatigués. Les distances pénibles. Mon angle de vue a changé.

Mais mon amour pour la ville est toujours aussi fort. J’ai trouvé Londres toujours aussi “extra”-ordinaire. Regent Street était toujours aussi magnifique, Soho toujours aussi cool et vibrant, Covent Garden joyeux, Neal’s Yard coloré, et je me suis vraiment sentie à la maison en arrivant à Clapham the old town.

Le break Toulousain n’aurait pu être qu’un break. Mais ce week-end m’a en fait permis d’être en paix avec ma nouvelle vie et conforté dans ce choix.

Je suis ok avec l’idée d’être l’ex londonienne qui vient reprendre sa dose de temps en temps. Peut-être que le déclic du retour se produira un jour, et si c’est le cas j’y retournerai, mais il y a plein d’autres choses dont j’ai envie de vivre pour le reste de ma vie.

Il y a quelques années, tout en haut de ma liste, il y avait: Partir vivre à l’étranger et devenir bilingue.

Place aux autres rêves désormais.

London is home

Quand je tenais ce blog, je recevais pas mal de messages par mail ou sur instagram. Des londoniens ou ex expats qui se retrouvaient dans certains articles et gardaient un lien avec la ville de cette façon.

J’ai souvent été étonnée de lire à quel point de nombreuses personnes considéraient Londres comme leur première maison mais pourtant, n’y vivaient pas ou plus. Je ne comprenais pas trop. Pourquoi ne pas y vivre si on aime tant un endroit?

Je crois que je commence à comprendre.

En rentrant de ce week-end à Londres, je me suis rendue compte à quel point je m’y sentais encore plus chez moi que le vrai chez moi.

C’est un sujet que j’avais commencé à aborder sur le blog. En rentrant de longues vacances de Noël 2019 / 2020 en Janvier 2020, je m’étais sentie “déculturée” (Pas sûre que ce soit un terme officiel). J’ai compris cette sensation de décalage avec Toulouse, et j’ai compris que mon équilibre se trouverait surement entre les 2 villes, et un peu ailleurs.

Alors que les frontières rouvrent, c’est une nouvelle page qui se tourne. Comme si elles s’étaient fermées pour nous forcer à atterrir, prendre du recul et ajuster notre vie et nos envies.

J’ai eu mes réponses donc. Je ne retournerai pas y vivre. J’y ai encore beaucoup d’attaches auxquelles je me suis agrippée toute l’année. Je sens que je suis prête à lâcher prise, lentement mais surement.

J’ai hâte de redécouvrir la ville sous un autre angle.

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