Il y a 1 an aujourd’hui, je prenais mon dernier vol Londres > Toulouse. Sans savoir que ce serait le dernier. Mais en sachant que la prochaine fois que j’y retournerais, je ne serais plus officiellement londonienne.
Le soleil s’était levé depuis Heathrow, et couché depuis le sud de la France, près de Toulouse. Un peu comme un symbole.
Aujourd’hui, par le plus pur et heureux des hasards, j’ai eu la visite surprise de mes meilleurs amis Londoniens, en route pour Barcelone. Ils se sont arrêtés en chemin. Eux aussi, je ne les avais pas vu depuis 1 an du coup. Ils font suite à pas mal de visites et retrouvailles londoniennes ces dernières semaines. Et à chaque fois, j’ai ressenti un étrange mélange entre une sensation d’évidence de vivre ici, chez moi, dans le sud, et une sorte d’envie logique de reprendre la vie à leur côté, dans un pays dans lequel je me suis construite de 27 à 35 ans.
J’ai essayé de l’écrire plusieurs fois au cours des dernières semaines cet article. C’est très difficile de résumer la première année post expat finalement. Surtout en mode confiné la moitié du temps. Il y a eu des phases assez piquantes. Mais aussi de nombreux moments d’émerveillements. Surement évoqué dans le bilan des 3 mois.
Je n’ai jamais regretté cette décision. De toutes façons, ça ne sert à rien de regarder en arrière. Si c’était à refaire, je referais tout pareil. J’ai vraiment la sensation d’avoir fait du mieux que j’ai pu, avec ce que j’ai eu. C’est à dire une intégration dans une nouvelle ville pas simple. Confinée, en mode télétravail, et avec tout mon cercle social dans un autre pays. Je ne pensais vraiment pas mettre 1 an à revoir tout le monde. Mais j’ai concentré mon énergie sur le moment présent, et profité d’être “bloquée” ici pour mettre en place tout ce que je pouvais. Avec le recul, c’était peut-être un mal pour un bien.
L’un des bonus de vivre à l’étranger, c’est qu’on rentre avec certains outils et qu’on a appris à s’adapter à toutes les situations.
1 an après donc, je suis bien installée dans cette nouvelle vie. Disons que j’ai posé de bonnes fondations, démarré l’architecture de la maison, mais qu’il reste quelques murs à bâtir et beaucoup de décoration pour m’y sentir 100% à ma place.
Je suis en train de concrétiser des projets dont je rêvais depuis des années, et qui devenaient des freins dans mon équilibre londonien, mais que je ne détaillerai pas car je suis un peu superstitieuse. J’ai un autre blog, slowlifetoulouse.com, que j’ai lancé en Juillet 2020 en pleine décision de m’installer ici, un peu comme une bouée jetée à la mer pour m’y raccrocher et garder la tête hors de l’eau. J’ai eu beaucoup de mal à faire le deuil de ne plus devoir / avoir à alimenter celui-ci qui aura été un journal de bord et allié incroyable de ma vie d’expat à Londres pendant 8 ans. Mais 1 an après, finalement, je suis très heureuse de ce nouveau projet parfaitement aligné avec ma nouvelle direction de vie. Et je réfléchis activement à offrir une seconde vie à celui-ci. J’ai profité de cette année pour explorer la scène yoga de Toulouse. Et je vais rejoindre l’équipe de prof d’un de mes 2 studios préférés à la rentrée. Je suis hyper reconnaissante d’avoir le yoga dans ma vie, qui m’a permis de créer du lien social avec autant de facilité, en plus, évidemment, de me permettre de calmer mes doutes et angoisses et de les laisser sur le tapis quand cela aura été nécessaire.
1 an après, j’ai repris l’accent du sud. Et je ne fais quasi plus de “Franglish”. Je parle encore Anglais la semaine, et je ne l’ai pas perdu comme je le redoutais. Mais je sens que j’ai atteint un plafond et que je ne fais plus les progrès fulgurants des toutes dernières années. J’ai encore des sterling dans mon portefeuille. Je regarde encore des 2 côtés avant de traverser. Les quelques livres de fiction ou séries que je regardent se passent quasi toujours à Londres. Je m’extasie dès que je rencontre un expat étranger à Toulouse et tous mes nouveaux amis sont soient des expat, soit des ex-expat soit des yogis, soit des entrepreneurs voyageurs. J’ai toujours un petit pincement quand je passe près de l’aéroport et que je ne m’y arrête pas, cette fois. J’aime beaucoup la douceur de vivre du sud. Savoir que j’aurai toujours plus de journées ensoleillées et lumineuses que l’inverse. Mais je trouve que trop de soleil ralentit les moeurs. J’apprécie même les journées grises (sans pluie) qui me renvoient souvent des sensations londoniennes. J’aime aussi beaucoup avoir acquis une capacité à m’adapter au temps et continuer de vivre qu’il fasse beau ou pas. J’adore le fait que le consommer local fasse partie de la culture et soit un mode de vie qui n’a rien de révolutionnaire ici. J’apprécie la chance que j’ai de pouvoir rentrer en famille si facilement. Mais je comprends aussi pourquoi la distance nous rapprochait. Et pourquoi je suis partie vivre loin, mais pas trop. Je recréer des liens avec certains de mes cousins. Certains de mes amis de longue date. Pas tout le monde et pas tout le temps comme on peut l’idéaliser en rentant. 1 an après, je ne bois quasi plus de “flat white” et je tolère même les cafés à emporter des boulangeries. “Prêt à manger” me manque toujours autant. Tout comme les studios de yoga trop cools, Classpass, et les cours de sport à 7h du mat. Je m’autorise à manger autant de croissants que je veux, comme si j’en avais été privée pendant 8 ans. Je fais tout à pied ou en voiture. Le métro au quotidien ne me manque pas. Mais la vie en transport un peu. Les livres et podcasts en allant au travail aussi. Tout comme cette énergie londonienne débordante. Même si je trouve qu’elle en demandait plus qu’on ne peut réellement et raisonnablement en donner. Je me sens plus alignée avec mes valeurs ici.
Si je devrais lister les choses qui me manquent, cet article serait bien trop long. Peut être un pour plus tard… (Il ressemblerait un peu à celui-ci écrit en Mars en plein confinement)
“Choisir c’est renoncer”
En gros, 1 an après, je ne regrette rien. Mais je me sens un peu en décalage. Je ne sais pas trop si j’ai envie d’y remédier. Je n’ai pas envie d’avoir vécu 8 ans à Londres pour me fondre dans le moule de la société. Mais je n’ai pas non plus vraiment envie de vivre à contre sens et aspire sincèrement à cette “Slow Life” plus alignée. Je sais que je suis partie de Londres un peu vite aussi. Je n’étais pas vraiment prête. Mais c’était l’occasion ou jamais de le faire. Et je suis obsédée par l’idée de toujours tout tourner en positif. C’était ma façon de rendre le contexte “utile”. Alors j’essaye d’accepter les contradictions de ces 2 besoins entre énergie / ambitions et douceur de vivre. Je laisse le temps faire les choses. Je crois en ma bonne étoile, et j’ai bien compris qu’il fallait bien 1 an pour poser ses bases, et surement une année de plus pour les caler comme il faut et se sentir plus à sa place.
Ça ne fait qu’ 1 an justement. La vie dans le sud ne fait que commencer…