13.12.21

Retour d’un séjour aux airs de clôture. 5 jours de magie londonienne, de retrouvailles et de souvenirs, le tout dans le contexte de Noël à Londres toujours aussi féérique.

Je crois que je n’ai jamais pris autant de gens dans mes bras en si peu de temps. Mon coeur est full. Ma tête encore dans les nuages. Aussi bien mentalement que physiquement puisque je démarre cet article depuis l’avion du retour.

Je ne m’attendais pas du tout à repartir avec le coeur si serré. J’ai l’impression de ressentir la tristesse que je n’ai jamais vraiment ressentie jusqu’à présent puisque je suis un peu partie de Londres en catastrophe, un peu pour fuir cette “guerre invisible” annoncée il y a bientôt 2 ans.

Presque 2 ans que je n’avais pas vu les 3/4 de mes amis et que j’ai soudainement laissé ma vie derrière du jour au lendemain. Mon quartier, mes collègues, mes adresses locales, ma routine, mes studios de yoga préférés, mes élèves yogi, mon identité londonienne et surtout, mes amis. Mes amis Londoniens. Ceux qui ne sont comparables à aucun autres. Ceux avec qui on partage une aventure hors du commun. Qui sont Français, Anglais, Italiens, Gallois, Néo-Zélandais… et tout le reste. Les “amis Londoniens” ont une saveur particulière. Ce sont les seuls avec qui on échange sur la vie d’expat, avec qui on se confie sur nos crises identitaires de vivre loin de chez nous et d’avoir fait cette démarche de se déraciner et se challenger. Ce sont aussi ceux avec qui on a appris à parler une autre langue, qui nous ont vu progresser, nous heurter et nous améliorer. Ceux avec qui on partage nos traditions, un bout de nos cultures, et une tranche de vie incomparable à aucune autre. On se voit sous tous les angles, des plus courageux aux plus vulnérables. Et surtout, ce sont les seuls à comprendre l’expérience Londonienne.

Quelques jours avant mon départ, prévu depuis 1 mois, les restrictions se sont resserrées. J’ai hésité un instant à décaler. Mais le besoin de les retrouver était nettement supérieur à la contrainte de quelques tests d’un virus qui nous tourne autour depuis 2 ans.

Il y a plus d’un an, mon départ de Londres a été un peu brutal. J’ai capitulé. Le ras le bol des logements, le besoin de me retrouver dans une culture latine qui communique, partage, gueule (pas trop quand même) et rie aux éclats, l’envie de m’ancrer un peu plus montaient lentement mais surement.

Depuis le début, je me suis tellement plongée dans cette expérience à vouloir vivre l’immersion la plus totale et savourer chaque sensation de la vie Londonienne que je m’y suis un peu usée.

Au fond, je sentais bien aussi que cette vie ultra rythmée et minutée, même si elle procurait un contrôle satisfaisant, n’était pas cohérente avec mon envie de vie plus “alignée”. Un besoin de reconnexion à mes valeurs. Une vie plus simple où la notion de succès n’a rien à voir avec carrière et argent.

Pour y pallier, depuis quelques années, j’avais mis des choses en place: Je suis devenue professeur de yoga et je rentrais plus souvent dans le sud. Résultat: Je donnais des cours à côté d’un travail prenant, je suivais des workshops le week-ends, donc mon temps libre ne l’était plus, et je rentrais dans le sud tous les 2 mois, souvent avec les vols de 7h du mat. Je commençais à être fatiguée des aéroports.

Au bout d’un moment, il fallait surement faire un choix que je ne voulais pas du tout faire. C’était impensable de quitter Londres. La Pandémie m’a servi d’excuse. Je l’ai vu comme une opportunité ou plutôt une excuse de partir. Sans ça, je sais que je n’aurais jamais réussi à couper. Une perche tendue par l’univers que je me suis forcée à saisir.

Bref, j’ai déjà parlé de la suite.

Bizarrement, depuis tout ce temps, je n’ai jamais vraiment ressenti de tristesse profonde. De gros moments de manque, des moments euphoriques d’être dans le sud. Et une sensation de sécurité de ne pas être bloquée sur une île loin de chez moi. Une décision purement rationnelle, ce qui ne me ressemble pas trop.

Du coup, je n’ai jamais vraiment ressenti de joie intense d’être rentrée à Toulouse non plus. Comme si tous mes sentiments étaient paralysés depuis.

Surement qu’il faut laisser place à la tristesse pour que la joie puisse prendre le dessus. Faire le deuil pour se reconstruire. 

Ce retour de Décembre 2021 était aussi très symbolique. Il marque la fin de certaines situations. Une façon de couper le cordon en douceur. Et peut être de redémarrer une expérience londonienne sous un autre format: Celui de l’ex “French Londonienne”.

Ces quelques jours, j’ai eu des flashbacks à tous les coins de rue. Et un grand nombre d’entre eux ne sont pas ceux de ces 9 dernières années. Mais datent d’il y a 16 ans, quand j’y ai vécu pour la première fois en échange universitaire alors que j’avais 20 ans. 

Le lien londonien ne s’est jamais brisé. Il a perduré d’abord à distance, et s’est ensuite renforcé à tout jamais durant 8 années. 

Ça fait 16 ans que je parcours cette ville qui a fait de moi celle que je suis aujourd’hui. Presque la moitié de ma vie. Je me sens plus chez moi à Londres que nulle part ailleurs.

J’ai vécu Londres en tant qu’étudiante, que jeune diplômée, manager senior, prof de yoga, blogueuse. J’y ai étudié vers Elephant and Castle à 20 ans, travaillé à la city à 27, covent garden à 30, et Mayfair à 32. J’y ai rencontré des amis aux quatre coins du Monde ou de l’Europe, me suis prise pour une anglaise, passé des soirées de folie avec mes meilleures amies, y ai vécu ma plus longue histoire d’amour, ma plus courte, ma rupture la plus douloureuse, des dates drôles, magiques, fous, ennuyeux, des années de célibat ennivrantes. J’y ai partagé des week-ends avec mes cousins, amis de toujours, des Noël en famille magiques, et vu les étoiles dans les yeux de ma maman plus d’une fois…

J’avais peur de couper le cordon, mais je sais qu’il restera. Sous un autre format. Peut-être que je retournerai y vivre un jour, qui sait? En attendant, je laisse passer l’hiver, le covid se calmer et je prépare la prochaine étape de ma nouvelle version de vie londonienne d’ici le printemps…

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