Le 17 août 2020, il y a donc trois ans jour pour jour, je faisais mes au revoir à Londres. Je venais de (re)découvrir les sensations de la vie dans le sud. La lumière, le soleil, les couleurs, la douceur de la vie. Et après un dilemne total de rester ou rentrer, j’ai décidé de tenter cette nouvelle vie dans le sud dont je rêvais dans un coin de ma tête, et que j’idéalisais beaucoup aussi.

3 ans, c’est beaucoup. Et pourtant, elle me parait encore récente cette vie. Mais chaque année, je fais ce bilan depuis mon retour d’expat, (voir après 1 an et 2 ans) et bien que cette année j’écris enfin ce texte en me sentant bien plus à ma place à Toulouse, j’ai encore l’impression qu’il s’agit d’une nouvelle vie. Et que la plus grosse partie de moi est encore restée à Londres. Ou en tout cas dans cette vie de capitale cosmopolite où les normes sociales ne sont pas les mêmes.

Cette année, du coup, j’ai opté pour une solution radicale pour me sortir de ce dilemne: 1 mois à Bali en février durant lequel je suis partie refaire une formation de yoga. Je voulais partir loin et prendre du recul. ça a marché. Ma vie n’a pas vraiment changé en apparence. Mais ça a tout changé à l’intérieur. ça m’a permis d’accepter que Londres m’a fait devenir une citoyenne du monde et que je me sens plus à ma place à l’autre bout de la terre avec des inconnus du monde entier à parler Anglais. Et depuis, je suis en phase avec le fait de ne pas être en phase avec le profil Toulousain.

3 ans donc. 

C’est long et c’est court à la fois. En 3 ans, j’ai découvert les joies du syndrome du retour d’expat, la solitude qui vient avec, la sensation d’être un alien dans son propre pays, appris à pratiquer la patience, la méditation non pas jambes croisées en fermant les yeux mais en observant sans jugement des sentiments parfois pas cools, parfois difficiles, qui surgissent, et les laisser passer. Appris des tonnes sur moi même et qui je suis devenue. Acheté mon appart et kiffé chaque seconde passées dans ce que j’appelle mon petit nid de lumière, quitté le remote work depuis le UK pour rejoindre ce que je m’étais promis de ne jamais refaire… Un CDI. J’ai pris un poste à responsabilité et mis en place une équipe, réappris à travailler en Français avec des Français. Accepté qu’à 35 ans et + le schéma de vie n’est pas du tout la même à Londres qu’en province, que ce ne sont pas les autres le problème mais une perception de la vie différente. Que l’idéal Toulousain que j’imaginais n’existe peut être pas. Que la slow life ça s’apprend, que ça prend du temps et que quand on lâche prise, on laisse la place à ce qui doit vraiment se mettre en place.

3 ans après, je me sens bien dans mon sud. Il fait beau. Il fait chaud. Le ciel est bleu. On sort travailler en tenues légères. On vit dehors. Les couleurs de Toulouse sont vives, joyeuses et colorées. Il fait chaud tard le soir. Je suis pleine de gratitude pour tout ce que j’y ai construit, les gens que j’ai rencontré, et la personne que ça m’a fait devenir. J’ai plein de flashback de l’été il y a 3 ans quand j’étais en pleine hésitation et que Toulouse me faisait chavirer. 

Ces derniers mois, je me suis dis que si j’avais su à quel point se serait dur de transitionner, je ne l’aurais peut être pas fait. Mais en meme temps, je suis trop contente de l’avoir fait.

Il y a 1 an, un coach (pour le travail) m’avait mis face à mes choix en me disant qu’à un moment donné, il fallait choisir. Soit rester. Soit repartir. Je ne suis jamais reparti. A part tous les 3 mois pour prendre ma dose de Londres et d’amis. Ces amis d’expat qui ont de sérieux airs de famille. Ceux qui sont les seuls à comprendre qui on est et ce que l’on vit. 

Et puis il y a eu Bali.

Et depuis, tout s’aligne. Je me suis retrouvée. J’accepte d’être différente et j’arrête de vouloir me fondre dans le mauvais moule. J’assume mon côté Yin Yang. Mon côté libre et indépendante. Et même, je les cultive. 

En Anglais on dit Your vibe attracts your tribe. Et depuis aussi, ma tribe se met en place. L’univers me tend la main. J’ai lâché prise sur le cercle forcé. Et j’ai fait des rencontres géniales qui rendent la vie plus belle. Je me suis remise au sport. Je pratique la gratitude pour cette vie dont j’ai tant rêvé il y a 3 ans. 

3 ans après, je ne sais pas si je vais rester vivre à Toulouse. Je sais juste que j’y passe un superbe été. Que je ne regrette pas d’avoir osé. Qu’il n’y a que sur Instagram que les changements de vie se font sans difficultés. Que c’est ok de devoir se réajuster. 

3 ans après, il y a encore ces aspects difficiles à gérer. Mais je les gère mieux. J’ai fait la paix avec le manque de salles de sport ou studios de yoga ultra modernes. Que tous les cafés ne sachent pas ce qu’est un flat white, que les restaurants ne servent plus à manger après 14h30, que les rues soient calme le week-end, que tout le monde ne parle pas forcément Anglais…

3 ans après, je ne suis même plus fan de Prêt à Manger que je trouve hors de prix et même pas si fou, Itsu ou Sweaty Betty. Je ne me jette plus sur la moindre opportunité d’aller à Londres, je commence à relire en Français et j’adore ça, je trouve le canal de Toulouse beaucoup plus beau que le regent’s canal sur certaines portions. Mais j’adore toujours autant retourner à Londres, maintenir le lien avec mes amis avec qui le lien est toujours aussi fort, créer de nouvelles routines, découvrir Londres autrement et me sentir toujours proche des Anglais quand j’en rencontre.

En ce moment, une de mes amies proche passent 2 mois à Londres. On s’est connues en agence web à Paris il y a plus de 11 ans. Quand moi je suis partie à Londres en Aout 2012, elle est partie à Nice quelques mois après. Et bien qu’elle ait toujours eu ce dilemne de capitale vs le sud, cela fait plus de 10 ans qu’elle vit au rythme du sud (qu’elle raconte très bien sur son blog sur Nice et la côte d’azur d’ailleurs). Depuis quelques semaines, elle vit le choc à l’envers: Traverser Londres pour aller faire un cours de danse ou de sport, être épatée par le niveau de ces mêmes cours, marcher plus de 15000 pas par jour sans faire exprès, être lessivée mais pleine d’énergie tous les jours, rencontrer de toutes nationalités, se réjouir quand il fait beau et en profiter, prendre le bâteau pour aller à Greenwich et se sentir dépaysée, flâner dans East London et adorer ça, être à la recherche des meilleurs spots pour le coucher du soleil… Et plus elle me raconte, plus je souris de me revoir durant toutes ces années. Et plus je comprends pourquoi le choc était si radical et pas si facile à vivre. J’adore vivre sa vie londonienne par procuration, et pourtant, même si je dois être honnête et avouer que j’avais un peu peur que ça me travaille avant qu’elle parte, je suis heureuse qu’elle découvre ces moments et qu’elle comprenne pourquoi j’ai autant adoré cette ville, mais à aucun moment je me suis dis que j’avais envie d’y revenir. Une page s’est tournée. Pour l’instant en tout cas.

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