En décidant de quitter Londres après presque 10 ans pendant la période covid, je me suis un peu retrouvée malgré moi dans une nouvelle vie que certes, j’avais choisi, mais peut être pas aussi rapidement et sans vraiment y réfléchir. Il m’a fallu presque 3 ans pour me “délondoniser” et profiter enfin sans toujours comparer. Il y a quelques trucs que j’aurais aimé savoir avant de sauter le pas, histoire de me préparer un peu.

Moi, c’est à Toulouse que je suis partie vivre. Mais je pense que la plupart des points listés fonctionnent à peu près partout en France, sauf peut être à Paris qui a les codes d’une capitale.

Les Français ne sont pas du matin

Ok, à Londres, je n’ai pas toujours été du matin non plus. Mais quand j’ai eu ma phase Miracle Morning en 2016, je m’y suis mise et “never looked back”. Sauf… Depuis que je suis rentrée vivre non seulement en France, mais dans le sud de la France, où se lever à 7h est déjà considéré comme très tôt.

Il faut dire que le jour se lève beaucoup plus tard qu’au UK, parfois à 8h30 en plein hiver, et se motiver pour aller courir ou aller à la salle de sport quand il fait froid et gris, c’est déjà pas simple, mais quand en plus il fait nuit, et que les rues sont vides, c’est même assez flippant.

Du coup, depuis que je vis à Toulouse, je continue toujours de faire plus ou moins de sport ou yoga le matin, j’adore toujours autant l’énergie du matin, mais je ne me mets plus du tout la pression sur l’heure à laquelle je me lève. C’est moins dynamique, et ça m’a beaucoup frustré les premières années, mais avec le temps, j’ai lâché prise, et finalement, ça s’accorde plutôt bien avec un désir de slow life et vie plus douce.

Tu ne pourras pas trouver à manger après 14h30

Alors celle là, j’ai mis du temps à l’intégrer. C’est bien simple, le seul endroit pour manger sur place ou à emporter après 14h30 c’est… Le Macdo. Ou le supermarché.

Au début j’étais super frustrée (et affamée, ce qui n’aide rien). Maintenant je le sais et j’aime bien l’idée de devoir m’adapter à des horaires, et que tout ne soit pas disponible à tout moment.

Bon, courant 2023, une adresse pépite à ouvert à Toulouse: healthy eating dans le centre ville avec service continu. (Clubbb rue du Taur pour les Toulousains, vite devenue une de mes bonnes adresses à Toulouse incontournable quand je ne veux pas me plier à la règle)

Le Flat White deviendra une denrée rare. Et chère.

A Londres, on a accès à tous les styles de café de la terre. Et avoir son rituel café, c’est même sacré dans un style de vie londonien. On a tous nos adresses de cafés à Londres chouchou, et nos styles de cafés et petits rituels. Moi j’aimais bien mon Flat White et pouvais rarement passer plus de 2/3 jours sans. Est-ce que cela en dit long sur un rythme londonien qui nous rend accro à la caféine? Surement. Mais même en vivant dans le sud, j’ai toujours besoin de ma dose, sauf que j’ai du faire le deuil avec le fait que le flat white deviendrait ma boisson chaude du quotidien. Déjà, peu de cafés savent ce que c’est. Parmi ceux là, peu le font vraiment bien. Et parmi ceux là, tous coûtent cher. Environ 5€. Du coup c’est devenu ma “petite joie” de temps en temps. Je sais désormais où aller l’acheter, et qu’il faut vraiment le savourer. Et encore une fois, j’aime bien l’idée du “less is more”. Profiter moins souvent mais mieux, c’est pas mal non plus.

La scène wellness te manquera beaucoup et longtemps

Classpass, l’appli pour réserver ses cours de sport et yoga dans plusieurs studios, les cafés et restaurants veggies et healthy, deliciously ella, les snacks vegan délicieux, le “nouveau” boots de covent garden et son rayon wellness sans limite… Je n’aurais jamais cru que tout ça allait me manquer autant et si longtemps. En France, impossible de trouver un petit dej healthy et pas trop sucré le matin dans le monopole des boulangeries, ou encore plus dur, un cours de sport à 7h. Du coup, j’ai baissé les armes.

Les couleurs du sud ne cesseront jamais d’être magnifiques et envoutantes

Si je devais lister une chose qui m’a fait basculer à l’été 2020 après quelques mois confinée dans le sud, ce serait ça. Avoir assisté au printemps qui s’installe plus tôt, à la nature qui renaît, et redécouvrir le centre ville de Toulouse aux briques oranges qui contrastent avec le ciel bleu vif, le tout baigné dans une lumière constamment dorée. Dans mon article sur mon départ de Londres, j’avais d’ailleurs parlé du bonheur de retrouver Londres après 4 mois de séparation, mais que la vie londonienne m’apparaissait désormais via un filtre sépia.

3 ans plus tard, je suis toujours envoutée par ces couleurs et pleine de gratitude qu’elles fassent partie de mon quotidien.

Barcelone deviendra ta nouvelle grande ville voisine

L’une des grosses bonnes raisons de vivre à Toulouse, c’est d’avoir Barcelone tout prêt. 4h de voiture, de train, ou 5h de bus pour souvent moins de 20€ le trajet. En y retournant la première fois en tant que Toulousaine il y a 2 ans, j’ai eu un coup de foudre absolu. A tel point que j’ai presque regretté avoir acheté un appart à Toulouse et donc être un peu bloquée. Finalement, je suis heureuse d’avoir mon appart, et cela ne m’empêche pas de profiter d’un week-end à Barcelone de temps en temps. J’y ai mes quartiers préférés, petites habitudes et bien sûr, mes bonnes adresses à Barcelone dans lesquelles je retourne régulièrement. Une véritable bouffée d’air pas pur mais citadin et cosmopolite à chaque fois!

Londres changera ta vision de la vie

On se doute bien qu’en choisissant de partir vivre à l’étranger, on entre dans une nouvelle aventure qui nous permet de voir la vie différemment. Mais je n’aurais jamais cru me sentir autant étrangère dans mon pays en y retournant. Je crois en avoir pas mal parlé dans les articles sur le retour d’expat.

3 ans après, je me sens plus apaisée parce que j’ai intégré les mécanismes et je ne suis plus surprise ni en confrontation. J’aime ses atouts et certains avantages qu’elle propose. J’aime sa dimension village, locale et plus chaleureuse et humaine, mais je la trouve toujours autant fermée sur des sujets de base dans un quotidien londonien: Racisme, religion, féminisme, voyages, spiritualité, homosexualité, art etc…

Passer plusieurs années à Londres, surtout quand on s’est vraiment intégré au style de vie londonien, rend très compliqué d’en sortir, car peu d’endroit au monde sont aussi progressistes, ouverts et précurseurs. Mais y rester pour ces raisons c’est aussi peut-être un peu s’enfermer dans une autre réalité.

Au final, le choc a été intense, mais je suis satisfaite d’avoir retrouvé cet équilibre et de ne plus voir la voir que par un prisme londonien qui reste une forme de bulle, mais réellement reconnaissante d’avoir cette vision de la vie et d’être devenue beaucoup plus ouverte et tolérante.

Les amis d’expat deviendront une nouvelle sorte de famille

Les gens que l’on rencontre en expat et avec qui les liens se tissent vraiment au fil des années sont ceux avec qui on a souvent partagé les joies, les réussites, les échecs et les galères d’expat. Et quand on est loin de chez soit, forcément, ça permet de tisser des liens qu’on espère indestructibles.

En décidant de quitter Londres en 2020, le plus gros sacrifice que j’ai fait, c’est celui de laisser mes amis de presque 10 ans de l’autre côté de la manche. Ceux qui formaient une nouvelle famille d’expat. Je me suis dis qu’on était tous mobiles, et mis un point d’honneur à acheter un appart avec chambre d’amis. Et je me suis aussi dis que c’était le dur risque à prendre.

Finalement, la vie a bien fait les choses. J’aurais été vraiment heureuse d’apprendre que les liens se sont même surement renforcés avec certains.

Chaque retour à Londres aura des airs de Disneyland.

Une fois, quelqu’un m’a expliqué son retour après 14 ans à Londres en me disant que Londres c’est un Disneyland pour adultes. Il y a tout pour rester un grand enfant et s’amuser pour toujours et à tout âges, et que ça peut durer pour toujours mais ça n’aide pas à grandir. Avec le recul, je ne sais pas si je suis d’accord sur le fait qu’on ne peut pas y avoir une vie d’adulte calme et posée (bien que je trouve que la vie y soit beaucoup trop chère pour ça!), mais ce qui est sûr, c’est qu’y retourner a vraiment des airs de parc d’attraction. Tout est grand, impressionnant, accessible, disponible et à toute heure. Je retrouve toujours ma routine londonienne dans mon quartier préféré et se reprendre pour une londonienne le temps de quelques jours c’est toujours un énorme bonheur.

En France, personne ne parle Anglais

Dans une vie d’expat, surtout à Londres, on se fait forcément des amis internationaux et d’autres expats Français, avec qui on parle Anglais quand on se trouve avec des non franchophones ou quand on voyage. Mais ça, c’est vraiment lié à la vie d’expat.

La première fois que je suis partie en vacances avec une nouvelle amie Toulousaine, ça peut paraître naïf, mais je ne m’attendais pas du tout à ce qu’elle ne puisse pas échanger avec les gens qu’on rencontrait. Au travail, dans les cafés ou restaurant, les anglo-saxons se trouvent souvent bien dépourvus face au niveau d’Anglais des Toulousains.

Je ne crois pas que ce soit un problème, mais être bilingue, selon moi, c’est un passeport incroyable vers une forme de liberté, particulièrement en voyage.

Véganisme, féminisme, progressisme… Les mentalités paraîtront bien conformistes et fermées

Ce point là, j’aurais pu le mettre en premier tellement il me choque encore parfois. Ne parlez pas de véganisme, féminisme, ou homosexualité à un Toulousain. Des sujets tellement “non sujets” à Londres. Je ne dis pas que tous les Toulousains sont fermés – bien heureusement – mais de façon générale, ce ne sont pas des sujets sur lesquels les gens sont particulièrement ouverts ou simplement curieux. Pour cet aspect là, je n’ai pas de quoi le balancer en positif. C’est aussi certainement ce qui fait que j’ai conservé un fort lien avec Londres, développé un nouveau avec Barcelone et voyage toujours beaucoup. C’est forcément ce point qui me fera partir un jour. Pour l’instant je le mets de côté et je vais prendre un bol d’ouverture d’esprit dans mes capitales préférées régulièrement.

Trouver un travail en France ne sera pas si dur

Un des trucs que j’appréhendais à l’idée de quitter Londres, c’était de trouver un poste à la hauteur ou presque des postes auxquels j’avais accès à Londres.

Finalement, j’ai trouvé facilement, et c’est mon expérience londonienne qui m’a permis de l’obtenir. Pas tant pour les aspects techniques que beaucoup d’autres personnes ont, mais l’attitude et la culture de travail anglo-saxone “can do” et toujours orienté solutions que problèmes. Sauf que ça a surement ses limites en France…

Mais il y aura des compromis (en plus de celui de retravailler dans une culture de travail Française)

Retravailler en France quand on a passé 90% de sa carrière à Londres dans un contexte anglo-saxon très proactif et orienté solution où la loi du travail est légère mais le marché du travail ultra dynamique, c’est un autre monde.

En France, et encore plus dans le sud, contrairement à Londres, personne n’est vraiment là pour sa carrière. En tout cas, il y a une vision totalement différente du rôle du travail dans la vie. En Angleterre, c’est un pilier que l’on peut perdre facilement mais duquel on peut rebondir plus fort et plus haut très vite. En France, c’est un pilier qu’il est très difficile de perdre. Alors on s’y accroche surement moins fort.

Disons que de ce que j’ai pu voir, il ne faut pas que ce soit le motif de retour, et que la facilité de trouver un poste vraiment équivalent est seulement réaliste à Paris. Mais que même en province, les opportunités existent, et d’autant plus avec cette nouvelle ère du télétravail.

Tu ne perdras pas (trop) ton anglais

Autre point qui me terrifiais un peu à l’idée de quitter Londres: Ne plus parler Anglais et le perdre au fil des années. Finalement, ce n’est pas si terrible que ça. Je continue de beaucoup lire en Anglais, regarder tous les films et séries, travaille un peu en Anglais et le lien avec les amis Britanniques et les voyages et rencontres permettent finalement de le parler encore un peu de temps en temps. On ne vas pas se mentir, j’ai oublié quelques expressions et mon accent est redevenu bien Français, mais finalement, en faisant en sorte de le conserver un peu au quotidien, ça va. Et j’aurais été bien rassurée de le savoir.

Ta garde robe va changer

Récemment, j’ai fait mon grand ménage d’automne, et constaté avec humour le décalage de style entre les pièces achetées à Londres et celles achetées dernièrement. Je suis passée des imprimés fraise / tigres / leopard / fleurs et autres motifs à du blanc, du noir et du rayé bleu clair. Mais aussi, la bonne nouvelle en vivant désormais dans le sud, c’est que c’est surtout ma garde robe d’été qui s’est agrandie. Mon premier été dans le sud, je me suis rendue compte à quel point j’étais peu équipée pour des successions de semaines vraiment chaudes.

Alors oui, c’est un peu moins funky et coloré, mais beaucoup plus estival, et ça c’est top.

Tu seras un peu moins audacieuse

A l’image de ma garde robe, ma vie s’est un peu assagie. Je ne sais pas trop comment, ni à quel moment, ni comment bien le décrire. Mais je vois bien que je suis un peu moins audacieuse et fonceuse au quotidien. Que je redouble moins d’effort pour trouver des solutions, et que je suis dans une forme de zone de confort.

Mais alors que j’ai prôné le fait de sortir de sa zone de confort pendant des années, est ce que ce n’est pas aussi ok de profiter de ce confort de temps en temps? Lâcher prise sur le “toujours plus”, et savourer ce que l’on s’est construit?

Mais plus ancrée

Mais… J’en ai conscience et j’ai la sensation, maintenant que je suis bien installée, d’avoir besoin de me poser un peu avant de repartir… ou pas. J’apprécie avoir une vie plus simple et moins compliquée, et prendre le temps de savourer un quotidien moins chargé.

A chaque fois que je retourne à Londres, je vois bien que je marche moins vite, que je suis plus calme et souriante, et mes amis me disent souvent qu’ils me sentent plus calme et ancrée. Et pour l’instant, j’aime beaucoup ce sentiment qui selon moi, signale que le changement avait du sens.

Les petites joies du retour vont changer

L’une des premières déception accompagnée d’une pointe de tristesse quelques mois après mon retour en France, était de constater que je n’étais plus si émerveillée par la maison de mes parents. Ce petit lieu que j’appelais mon petit coin de paradis dans lequel je venais me ressourcer depuis 15 ans. Bien sûr que je l’adore toujours et y vais d’ailleurs plus souvent et avec toujours autant de plaisir. Mais je ne suis plus émerveillée comme avant. Forcément. Tout comme les balades d’été dans le sud de la France à redécouvrir les jolis coins de ma région, que je trouve désormais moins incroyables mais qui font partie d’un quotidien très agréable.

Maintenant, les petites joies ont changé. C’est Londres et mes amis Londoniens que je retrouve avec un air émerveillé.

Le temps fera les choses

Finalement, le temps fera les choses. 3 ans dont un 1 an de covid où rien ne se passait, c’est bien ce qu’il fallait. Et comme Londres nous rend particulièrement impatients à avoir accès à tout, tout de suite, tout le temps, je n’avais pas prévu de devoir attendre trop longtemps. Mais c’est l’avantage du saut dans le vide. On ne sait pas ce qui nous attend et c’est très bien comme ça.

Ce sera sans regret

Et surtout, même si en 3 ans j’ai eu 2/3 phases où j’ai eu très envie de rentrer à Londres au début, je ne l’ai jamais fait. J’aime beaucoup trop vivre dans le sud, avoir de vrais étés, me sentir vraiment chez moi, communiquer avec des cultures latines, vivre une vie plus slow, pouvoir rentrer en famille, manger local, profiter de l’Espagne, et garder un lien sacré avec Londres que je retrouve très régulièrement.

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