Il y a bientôt 3 mois, j’ai pris mon dernier vol depuis Londres pour Toulouse sans retour. Le plan était certes d’y revenir de façon un peu plus régulière, mais le contexte et la vie en ont voulu autrement. Du coup c’est un vrai retour en France que j’expérimente depuis le 17 Août. Même si j’y étais depuis des mois, depuis le confinement “accidentel” chez mes parents, revenir en ayant tout déménagé et en ayant plus de pied à terre à Londres où je vivais depuis 8 ans, c’était autre chose.
Alors depuis, je vis ce qui me fascinait assez quand j’étais en plein dans l’expérience: Le retour d’expat.
Ça fait à peine 3 mois, et il faut bien préciser que c’est un contexte très particulier entre confinement, semi liberté, nouvelle vie masque sur le nez et reconfinement. Mais tout de même, une chose est sure: Je ne regrette rien.
Je suis trop heureuse de vivre à Toulouse et d’avoir osé suivre mon instinct.
Il se sont passées plein de belles choses depuis le déconfinement Français, même si tout n’a pas non plus été un long fleuve tranquille.
Et d’ailleurs, alors que j’ai beaucoup appréhendé ce deuxième confinement lors de l’annonce, qui mettait un gros stop à une nouvelle vie à peine reconstruite, il me permet en fait de prendre à nouveau du recul et apprécier tout le cheminement et les nombreux changements depuis le premier confinement.
En Mars, j’étais londonienne et j’étais obsédée par l’idée de pouvoir rentrer chez moi retrouver mon rythme de vie healthy et dynamique. Mais j’ai aussi été confronté de plein fouet aux interrogations et frustrations que j’avais enfouies sur ma vie à Londres. Alors j’ai profité du déconfinement pour aller explorer Toulouse, pris la température, écouté les signes, et fini par opérer tous les changements nécessaires. Quitte à revenir en arrière plus tard s’il le fallait.
Fin Octobre, je me suis confinée au même endroit finalement mais je suis désormais Toulousaine, avec la possibilité de rentrer chez moi en 1/2 heure si besoin. Je me suis beaucoup rapprochée de mes amis d’ici et de mon frère récemment, et sens une grosse forme d’apaisement générale d’être ici. Je vis ce confinement de façon bien plus relaxée et ancrée, et cette fois, j’ai aussi la casquette prof de yoga puisque je fais partie de l’équipe de prof d’un studio Toulousain depuis presque 5 mois.
2 confinements. 2 ambiances.
Mais pour pouvoir dire cela, j’ai passé quelques mois plein d’interrogations et traversé l’été un peu à l’aveugle mais toujours avec une intime conviction que je prenais la bonne décision.
Les premières semaines ont été assez floues. J’étais assez déphasée. J’ai mis quelques semaines à vraiment me lancer dans la recherche d’un appart, mais dès que j’ai eu les clés, c’était le feu vert pour une nouvelle vie. Tout s’est mis en place et j’ai récolté la récompense d’un été sans vrai break ou vacances, à préparer, réfléchir, ne pas lésiner sur les aller retours à Toulouse à saisir toutes les opportunités qui ont pu s’y présenter.
Et depuis quelques semaines, je me rends compte qu’en fait, Londres ne me manque pas vraiment.
Surement que l’effet covid / vie semi confinée joue un gros rôle dans ce ressenti. Peut être que les retrouvailles une fois les choses revenues dans l’ordre seront exceptionnelles. Pour l’instant, je me sens tout simplement bien là où je suis.
J’ai aussi compris que je ne pouvais plus tenir dans cette vie toujours dans l’ultra productivité, à 1000 à l’heure, et qu’il était temps d’arrêter de dire que je voulais agir et de vraiment le faire.
J’adore vivre dans une ville où il fait plus beau et doux, où l’accent est chantant (Comme le mien), où les gens disent un bonjour généreux, souvent avec le sourire, où on te répond “avec plaisir” quand tu dis “merci”, où tout est accessible à pied, où la culture du local n’est pas qu’une belle phrase, mais quelque chose d’ancré dans les habitudes, et où la “slow life” n’est pas vraiment un concept de bobo mais un style de vie qui finalement, n’a rien de révolutionnaire. J’aime les couleurs si chaudes du sud, les rayons de soleil qui vibrent dans la brique rouge, ce ciel bleu vif, les marchés couverts, vivre entourée d’excellentes adresses, retrouver la culture de l’apéro et du café en terrasse. Et aussi, tout est plus facile. Et après des années à se confronter aux challenges d’une vie d’expat riche et passionnante mais aussi constamment semée d’embûches, je dois avouer que ça a une saveur vraiment particulière.
C’est sûr, la richesse et facilité des rencontres et profils londoniens variés me manque. Tout comme ma vie sociale riche et bien remplie. Mais elles sont remplacées par un accès à ma famille et mes amis les plus proches. Et finalement, où que l’on se trouve, comme me l’avait fait remarqué ma copine Laurène, on attire les gens qui nous ressemblent. En effet, tout semble se mettre en place lentement mais surement. Les couleurs d’automne si flamboyantes à Londres m’ont aussi manqué. Mais encore une fois, les températures plus clémentes et un soleil qui se remet à briller intensément fin Octobre, ça fait oublier assez vite Hyde Park et ses allées jaunes. La facilité de retrouver un travail, l’accès à des start ups aux projets exceptionnels n’est pas le même. Mais en rentrant dans le sud, il faut s’adapter et faire preuve de créativité. Alors je mets en place les démarches nécessaires pour la suite. Les bonnes adresses à Londres, cafés Australiens, rooftops aux vues et ambiance de folie sont bien moins nombreux. Mais retrouver les marchés couverts, les boulangeries et les produits de ma région, c’est assez cool. la scène food de Toulouse semble également réserver de belles surprises. C’est sur, il y a moins de bonnes adresses, mais les gens ont des lieux de vie tellement sympas, que l’été on alterne entre resto terrasse ou jardin / piscine chez les copains et la famille. L’offre de yoga est juste incomparable avec Londres. Il y a peu de studios, mais tout de même, de plus en plus de nouveaux concepts. Et la place pour beaucoup de choses à proposer donc, et aussi, un lien humain plus fort, qui fait toute la différence. Les sensations de la vie d’expat ne sont plus là. Plus d’anglais, de Franglais, de sensation de s’améliorer au quotidien, d’appartenir au clan VIP des expats. Là aussi, remplacé par une douce sensation que tout est un peu plus facile, et que parfois, c’est agréable aussi de ne pas se mettre trop de difficultés dans la vie.
En gros, j’ai démonté toutes mes fausses croyances sur le retour, une à une. Et du coup, je me sens assez à ma place, d’autant plus après avoir appris autant sur moi, sur les autres, et sur la vie ces dernières année.
Je me sens aussi bien précisément parce que j’ai vécu ces années parisiennes et londoniennes.
Je ne dis pas du tout que c’est forcément mieux ici. Mais j’apprécie justement de voir et vivre autre chose.
Tout cela donc, je ne l’aurais jamais ressenti et apprécié si je n’étais pas partie. Et je m’en rends compte un peu plus chaque jour et semaine qui passe.
Tous les jours, je me sens tellement reconnaissante envers moi même d’avoir sauté le pas toutes ces années en arrière. S’il y a bien un conseil que je peux donner aux jeunes diplômés ou à ceux qui hésitent, peu importe votre âge ou situation de vie, c’est de ne justement pas réfléchir trop longtemps. Partir vivre à l’étranger est l’une des aventures les plus formidables que je me suis permise de vivre. On rentre avec une sensation d’accomplissement qui ne nous quittera jamais. Et celles d’avoir une autre vision du monde, une sorte de longueur d’avance, et que tout est possible. Qu’on s’adaptera partout quoiqu’il arrive. Celle aussi d’être en décalage en effet, mais finalement, on est équipé des bons outils pour l’accepter, le gérer et s’adapter.
La chose principale que je retiens en ces premiers mois de retour, c’est qu’on sait comment on part, et on sait souvent (pas toujours) pourquoi on part, mais on ne sait pas dans quel état on va revenir. (Ni si on va revenir d’ailleurs).
C’est vrai que le clash culturel est réel. Il y a quelques années, j’avais lu un article sur le concept du “Choc culturel inversé“. En gros, on rentre dans notre pays, mais on ne s’y sent pas vraiment chez nous. On ne sait plus trop où on appartient. On commence à pratique le “c’était mieux là-bas”. C’est un peu ça. Je l’ai surtout ressenti le premier mois qui a suivi le retour. Tout me paraissait plus terne, plus calme. Moins épicé et excitant. Et puis finalement, quand on se rappelle pourquoi on est rentré, on entre vite dans une phase d’adaptation et acceptation.
C’est encore nouveau, et dans un contexte tellement particulier qu’il incite largement à ne pas trop se poser de questions pour les prochains mois. Mais la nouvelle aventure du retour d’expat est bien lancée.
Du coup, il se peut que je continue une analyse des sensations du retour pour clôturer le blog comme il se doit. Prochain bilan au bout de 6 mois, et surement au bout d’1 an.
Je ne sais pas encore trop ce que ce blog va devenir. En revanche, j’ai déjà amorcé une transition digitale plus en phase avec mon état d’esprit des dernières années et celles à venir via un nouveau “site” plus orienté sud et bien-être: SlowlifeToulouse.com
A bientôt,
Elodie x