Il y a 12 ans, je vivais à Toulouse. Je terminais une année de stage après avoir déjà passé 1 an à Londres puis à Lille, où j’avais terminé une première année d’école de commerce. (Plus d’info dans mon FAQ)
Lille c’était sympa. Mais après Londres, ça m’avait laissé perplexe. Alors dès que j’ai pu, je m’étais empressée de retrouver le sud. J’avais 23 ans, j’étais en stage à Toulouse, chez notre géant de l’aéronautique local, un appart sympa près du centre et près de membres de ma famille dont ma petite filleule de 6 ans. J’avais ma voiture, des anciens amis de fac, des nouveaux rencontrés en stage, toute ma famille dans les environs, et je redécouvrais Toulouse sous un angle professionnel, avec ses bars, restos, café et son ambiance du sud si agréable.
Malgré les possibilités et les envies de repartir à l’étranger, il n’y a aucun autre endroit où je n’aurais voulu être à ce moment là. C’était l’une des plus belles années de ma vie.
Si je n’avais pas du terminer mon école de commerce, je sais que ne serais jamais partie. Ou pas à ce moment là en tout cas.
Mais je n’avais pas le choix, et j’aimais bien l’idée de découvrir la vie parisienne, où j’avais choisi de finir mes études. Je comptais y rester juste 1 an avant de revenir.
Les 1 an à Paris se sont transformés en 4.
Londres est très souvent revenue en tête, jusqu’à devenir une réalité depuis 8 ans.
Réalité agrémentée de nombreux retours dans le sud aussi souvent que possible.
Tous les étés depuis 8 ans, je me demande si je ne vais pas rentrer pour de bon. Et tous les étés depuis 8 ans, après chaque retour sur Londres dont certains un peu sanglotants, c’est Londres qui l’emporte.
Son style de vie, ses opportunités, son énergie, ses leçons, ses cafés et restaurants, ses parcs, sa rivière, ses rencontres, sa vie sociale, la façon dont elle me fait me sentir, avec laquelle elle accepte toute le monde, tel que nous sommes, et aussi, la façon dont elle m’a un peu transformé.
Retour de longue durée imposé
14 Mars 2020. Me voilà en France pour les 18 ans de ma désormais grande filleule, pendant ce tout début de Pandémie aussi surprenant que prévisible.
Les 3 jours de séjour se transforment en 2 mois (Pour l’instant). Et même si au début j’avais vraiment la sensation qu’on m’avait arraché de ma vie londonienne, au fur et à mesure, je l’ai vu comme une opportunité d’appuyer sur pause et de vivre cette fameuse parenthèse dans le sud dont je rêve depuis longtemps, sans jamais croire qu’elle était possible. La possibilité d’une vie avec et au rythme de mes parents et de leur vie saine, plus calme, plus simple, et faite de beaucoup de chaleur humaine et d’amour.
Après 2 semaines, c’était la perspective d’un retour sur Londres qui primait sur tout.
Après 7 semaines, il y a des jours où je me suis demandée si j’allais rentrer y vivre un jour.
Du coup, je me suis demandée, si je ne rentrais plus, si Londres c’était fini. Qu’est ce que j’en retiendrais? Qu’est ce que je referais? Ou ne referais pas?
Qu’est ce que ça a changé?
Quelle serait ma vie si je n’avais jamais du quitter Toulouse il y a 12 ans?
Et justement, puisque je vais bien évidemment rentrer tôt ou tard, quels changements je pourrais apporter à cette future nouvelle vie londonienne?
Ce que je retiendrais
Si je devais ne plus revenir à Londres. J’en retiendrais tant d’aventures. De déboires. De challenges, de galères, de questions qui fusent à toute vitesse. Le coût de la vie exorbitant. La nécessité de toujours devoir se surpasser pour y maintenir un style de vie agréable. Aspect souvent fatiguant et frustrant, et tout aussi challengeant, satisfaisant et excitant.
La vraie expérience culturelle à devoir vraiment comprendre les Anglais au risque de passer à côté de l’expérience et de se retrouver dans bien des situations désagréables.
Le bonheur de rentrer à la maison, qui lui ne change pas, même après des années. Et celui d’arriver à maintenir des relations spéciales à distance, à établir de nouvelles règles, routines, et découvrir son pays, sa région, sa ville sous un autre angle (De nombreux articles sont dans la rubrique sur les voyages en France). Avec plus de recul, et beaucoup, beaucoup de gratitude et de bonheur d’en être originaire. (Je pense que je parle au nom de beaucoup de Français en disant ça, quelle que soit la région).
Celui aussi de faire partie d’une communauté, la communauté Française à Londres, dans laquelle nous nous sentons toujours à notre place. Ce n’est pas un sujet sur lequel je mets particulièrement l’accent, ni une communauté avec laquelle je cherche à être absolument associée ou avec laquelle je suis forcément toujours d’accord, mais il y a toujours ce sentiment d’appartenance et d’entraide.
Et au sens plus large, toutes les sensations de la vie d’expat, pour lesquelles on a choisi cette vie et accepte toutes les difficultés en fait.
Et évidemment, j’en garderais surtout les découvertes, émerveillements, rencontres, balades, apprentissages.
Les centaines de balades londoniennes les week-ends à avoir des étoiles dans les yeux, à partager ces moments avec des ami(e)s qui m’ont marqué. Certain(e)s qui sont parfois passés, partis, parfois ne font même plus partie de ma vie, ou avec qui je partage toujours ces moments, mais qui ont tous et toutes joués un rôle spécial dans ces années londoniennes passées, et à venir.
Surtout, j’en retiens une paix intérieure, ainsi qu’une grande satisfaction d’avoir vécu cette tranche de vie, d’en avoir retenu autant, et d’être devenue celle que je suis.
Londres est une ville qui nous pousse tellement dans nos retranchements de façon constante. Elle nous impose une agilité d’esprit pour trouver des solutions à des situations contraignantes et nous récompense par des moments de succès tout aussi intenses.
Evidemment, c’est une façon assez personnelle de vivre tout cela, et chacun a son “chemin parcouru” et raison de partir vivre à l’étranger (Choisi ou parfois subi).
Et vu depuis ce confinement dans le sud, je me demande si tous ces moments d’intensité sont bien indispensables. Ou s’ils le sont toujours.
Maintenant que nous avons été un peu forcé d’appuyer sur le frein, de remettre les choses en perspective et prendre un peu de recul et que je vis au rythme de la vie du sud avec option confinement, je me sens un peu épuisée.
Que de galères, changements, retours en arrière, en avant, compromis, adaptation, coups dur, coups de folie, trajets en avion, à pied, en métro…!
Je commencerais presque à comprendre que certaines personnes le voient comme “une vie de galère”. Forcément. C’est un peu le grand écart.
Je ne suis pas d’accord avec pour autant. Sans les galères et les sorties des zones de confort, il n’y a pas de leçon et d’apprentissage. Et c’est un peu la nature de la vie d’expat et l’un des principaux bienfaits de partir vivre à l’étranger de sortir de sa zone “connue” et se confronter à autre chose. D’autant plus quand la ville impose un niveau de salaire minimum pour en profiter au delà de simplement y vivre et payer ses factures.
C’est assez simple, pour profiter de la vie londonienne, il faut de l’argent. Et cela implique de donner le meilleur de soit même au travail, ne pas hésiter à viser plus haut, faire preuve de créativité et d’ambition. Ce n’est pas pour tout le monde, mais quand ça matche, et le temps que ça matche, c’est une sacré expérience.
J’avais commencé à lister les choses que je referais ou pas. En fait, je referais tout pareil, y compris les erreurs, car évidemment elles ont été faites pour une raison, et je crois que j’ai appris de chacune. Aussi, c’est assez difficile de prendre du vrai recul dans un contexte pareil. Je n’ai pas décidé de quitter Londres pour le sud. C’est un choix qui a été imposé et tourné comme une opportunité.
Il y a probablement certains changements qui se mettront en place au retour. J’essaye de continuer à pratiquer la vie avec 2 semaines de visibilité à la fois, comme j’en ai parlé dans les dernières semaines du journal de confinement. Il y aura peut-être un retour dans le Sud tôt ou tard. Forcément un jour, oui.
En attendant, ces 2 mois (Et probablement un peu plus) ont fait leur formidable travail de réflection.
Je sais que si je devais quitter Londres pour quelle que raison que ce soit, j’ai fait ce que j’avais à y faire. L’expérience m’a apporté tout ce que je recherchais. Chaque année à venir sera du bonus, dans une vie qui est désormais établie.
J’ai hâte de repartir me balader, courir au bord de la tamise, remanger un honest burger ou des oeufs pochés d’une de mes adresses préférées pour bruncher à Londres, aller prendre l’apéro chez les copains, manger une glace au bord du Regent’s canal, réajuster certains aspects de la vie londonienne, pourquoi pas donner des cours de yoga en plein air cet été, faire du vélo dans Hyde Park, marcher dans les rues de Notting Hill…
Tout cela, à 1 mètre de distance bien entendu ;)
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